Garantir l’intégrité, la résilience et l’accès des femmes autochtones à la justice en temps de pandémie au Guatemala

Nouvelle | Publié: 06 juillet 2020

Alors que les contaminations et les décès liés à la COVID-19 sont actuellement en recul dans la plupart des régions du monde, l'Amérique latine est devenue depuis quelques semaines le nouvel épicentre de la pandémie. Plus de deux millions de cas de coronavirus y ont été enregistrés et plus de 100 000 personnes en sont mortes.

La COVID-19 continue de se propager au Guatemala

Depuis l'identification d’un premier cas de coronavirus le 13 mars dernier, le nombre de cas confirmés a bondi à 23 248 et le nombre de décès à 947 au Guatemala – des chiffres qui sous-estiment probablement l’ampleur de la situation, puisque toutes les personnes présentant des symptômes ne peuvent pas être testées. 

Dès le 22 mars, le président du Guatemala a ordonné la mise en place de mesures rigoureuses visant à limiter la propagation du virus : fermeture des frontières avec l’étranger ainsi que des frontières régionales et municipales, suspension des activités économiques non essentielles et des transports en commun, interdiction de rassemblement, amendes pour les personnes ne portant pas de masque dans les lieux publics ou ne respectant pas la distanciation sociale, et couvre-feu strict de 18h à 5h du matin.

Néanmoins, les cas de COVID-19 continuent de se multiplier, mettant à rude épreuve le système de santé guatémaltèque déjà fragile, et aggravant les difficultés de subsistance de la population.

Les femmes autochtones plus affectées par les mesures préventives

Les femmes autochtones se trouvent particulièrement touchées par les effets des mesures de prévention à la COVID-19. Celles-ci mettent en péril leur intégrité, leur capacité d’agir et leur accès à des services de justice de qualité.

« La pandémie actuelle nous affecte beaucoup. Elle affecte notre travail et nos revenus. Le travail que je fais, en tant que mère au foyer, ne me permet pas de gagner beaucoup d’argent, mais depuis l’arrivée de la COVID, je ne peux plus subvenir aux besoins de mes enfants qui vont à l’école », explique une femme maya kaqchikel de la municipalité de Sololá.

En raison de la suspension des transports en commun, il est devenu pratiquement impossible pour les femmes autochtones, qui vivent majoritairement dans des zones rurales isolées, de se déplacer afin de vendre les biens qu’elles produisent. Leurs revenus, déjà très faibles avant la pandémie, ont ainsi été considérablement affectés, voire réduits à néant. Nombre de familles se retrouvent à présent en situation d’insécurité alimentaire aggravée. Nos organisations partenaires, dont les activités économiques soutiennent les femmes vulnérables, victimes ou survivantes de violences sexuelles basées sur le genre, ont également vu leur production et leurs revenus subir une grande baisse.

Depuis le début du confinement, une augmentation du nombre de cas de violence contre les femmes a été observée dans tout le pays. Une tendance qui s’explique par les mesures de confinement et de mise au ralenti de l’économie, qui forcent les membres d’une même famille à coexister, dans un contexte où les tensions familiales et la frustration des hommes s’intensifient en raison des difficultés à subvenir aux besoins fondamentaux.

L’arrêt des transports en commun et le coût élevé des moyens de déplacement privés limitent fortement l’accès des femmes victimes ou survivantes de violences sexuelles aux services de dénonciation et d’accompagnement habituellement à leur disposition. De nombreuses femmes doivent donc se contenter des services d’accompagnement téléphonique à distance offerts par les organisations partenaires, les autorités communautaires et les actrices et acteurs de la justice. Mais certaines de ces femmes n’ont pas accès à un téléphone.

Enfin, le manque d’accès au matériel de protection et aux messages de sensibilisation visant à limiter la propagation du coronavirus, ainsi que la nécessité de sortir de chez soi pour tâcher de gagner un peu d’argent, fait que les personnes autochtones sont particulièrement à risque de contracter la COVID-19, tout en étant très éloignées des services de santé. 

Répondre aux enjeux de façon immédiate et durable

Afin de faire face à cette situation et de continuer à améliorer l’exercice des droits des femmes et des filles autochtones, l'équipe du projet Droits et justice pour les femmes et les filles autochtones au Guatemala (DEMUJERES), que le CECI met en oeuvre avec Avocats sans frontières Canada (ASFC), a adapté ses activités dans les trois départements où elle intervient : Chimaltenango, Alta Verapaz et Sololá.

Au cours du mois de juin, une aide alimentaire d’urgence a été fournie aux femmes et aux filles autochtones survivantes de violence basées sur le genre, à leurs familles et aux autres femmes en situation de vulnérabilité, afin de les aider à surmonter leurs difficultés alimentaires immédiates. De plus, des semences locales leur sont fournies pour mettre sur pied des potagers familiaux qui leur permettront d’améliorer la sécurité alimentaire de leur famille de manière durable.

« Je suis heureuse de l'aide que j’ai reçue et je remercie la municipalité autochtone et le CECI pour leur soutien, qui est très précieux » , témoigne une femme maya kaqchikel de la municipalité de Sololá ayant bénéficié de l’aide alimentaire d’urgence.

Du matériel de protection pour éviter la propagation du virus (gants, gels désinfectants, masques, etc.) a été offert au personnel des organisations partenaires du projet, aux autorités, aux leaders autochtones et communautaires, ainsi qu’aux entités de la justice qui traitent les cas de violences sexuelles basées sur le genre. Le projet appuie également la production et la commercialisation de matériel sanitaire par les organisations partenaires. Celles-ci travaillent avec des femmes et filles autochtones vulnérables, ou ayant subi des violences, pour soutenir la mise en place d’activités productives leur permettant de générer des revenus.

Les actions de communication pour prévenir la contagion et les violences sexuelles basées sur le genre et pour faire la promotion des droits des femmes dans le contexte de la pandémie, ont été renforcées. Des messages en différentes langues mayas ont été élaborés et sont diffusés de manière coordonnée dans les zones rurales et au niveau national, par le biais des radios communautaires et des réseaux sociaux. La communication est également clé pour garantir l’accès des femmes et des filles autochtones victimes ou survivantes aux services psychologiques et juridiques auxquels elles ont droit. Les organisations partenaires du projet ont ainsi accru leur appui à ces femmes en les aidant à accéder aux services à distance, par le biais de la téléphonie ou de l’Internet.

Dans certains cas, le projet appuie également ses organisations partenaires locales pour couvrir les coûts liés au transport de femmes et de filles autochtones ayant besoin de se déplacer pour dénoncer des cas de violences, faire une déposition, bénéficier de soutien psychologique, etc.

Au cours des six prochains mois au moins, le projet DEMUJERES continuera d’apporter un soutien spécifique aux femmes et aux filles autochtones afin de compenser les effets les plus néfastes de la pandémie sur leur bien être et leur capacité à exercer leurs droits.


Faites un don aujourd’hui à notre Fonds d’urgence - COVID-19, pour soutenir les efforts déployés par nos partenaires dans le monde entier.

Le projet DEMUJERES est mis en œuvre avec Avocats sans frontières Canada (ASFC) et bénéficie de l’appui financier du gouvernement du Canada, par l’entremise d’Affaires mondiales Canada. 

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