En route vers un avenir sans violence au Sénégal: L’ambition d'une jeune motocycliste

Nouvelle | Publié: 27 mars 2024

Aminata* a 18 ans. Originaire de Sédhiou, au Sénégal, elle se bat pour l’émancipation des femmes et l’éradication des violences basées sur le genre (VBG) dans son pays. Pour l’aider, elle peut compter sur l’appui du Réseau des Jeunes Pour la Promotion de l’abandon des Mutilations Génitales Féminines et Mariage d’Enfants (RJPA-MGF/ME), partenaire du PCV-CECI au Sénégal (voir encadré ci-dessous).


C’est à l’adolescence qu’Aminata rencontre ce réseau. Alors membre du Centre Conseil pour Adolescents de son village, elle rejoint un Groupement d’intérêt économique (GIE) créé avec le soutien du RJPA-MGF/ME, pour développer un service de transport en moto dans son village. Les 15 jeunes femmes membres de ce GIE se répartissent alors les tâches : développement d’une stratégie commerciale, gestion de la comptabilité, du marketing et de l’administration, etc. Mais elles se heurtent à deux obstacles majeurs : impressionnées par cette tâche traditionnellement masculine, les jeunes femmes rechignent à conduire les motos, et elles ne sont pas prises au sérieux par leur communauté, qui n’utilise pas leur service. Aminata devient alors la première conductrice du GIE, et s’engage dans un effort de plaidoyer dans son village et alentours afin de convaincre le public de la crédibilité de leur entreprise et le sensibiliser à la légitimité des femmes dans cette sphère d’activité. Avec le soutien du RJPA-MGF/ME, Aminata organise des rencontres, des causeries et de nombreux échanges, au sein de la communauté comme de son GIE. 


Petit à petit, les choses évoluent. En seulement un an, elle constate une nette amélioration : les habitant-e-s les prennent désormais plus au sérieux, et plusieurs conductrices sont venues la rejoindre. Le GIE étant désormais rentable, elles ont pu acquérir une deuxième moto et engager et former d’autres jeunes femmes pour continuer de le faire croître. Les bénéfices du groupement sont répartis de façon transparente et concertée selon les besoins individuels de ses membres. 


« Avec le GIE, nous pouvons maintenant subvenir aux besoins personnels, scolaires, d'hygiène et médicaux de nos membres et être autonomes », Aminata.


En parallèle de ces activités génératrices de revenus, le GIE d’Aminata organise régulièrement des événements et des séances de sensibilisation sur les VBG, y compris les mutilations génitales féminines et le mariage d'enfants. Formées par le RJPA-MGF/ME sur ces sujets, Aminata et ses collègues ont à cœur de porter la voix de leurs pairs et de contribuer à leur niveau à lutter contre les violences. Les jeunes femmes interrogées témoignent de façon unanime d'un changement de mentalité dans leur village depuis le début de ces activités de sensibilisation. 


« Cette histoire reflète un changement à la fois local et global. L’appui du RJPA-MGF/ME et du PCV-CECI, ainsi que le leadership, la persévérance et la résilience de ces jeunes femmes, ont permis de véritables améliorations en termes de stabilité et de conditions de vie. À un niveau plus large, sans le réaliser nécessairement, ces jeunes femmes revendiquent chaque jour le droit des femmes d’accéder à des emplois traditionnellement masculins, à l'éducation et à une vie libre de VBG. La rapide évolution des mentalités dans le village démontre la force, la détermination et l’influence de ces agentes de changement », Éloïse Roy-Gamache, Volontaire du PCV-CECI auprès du RJPA-MGF/ME.

Basé à Dakar, le RJPA-MGF/ME œuvre pour l'autonomisation des femmes dans tout le pays. À Sédhiou, il facilite la création de Groupements d’intérêt économique (GIE) par des jeunes femmes en situation de vulnérabilité. Ces GIE leur permettent d'exercer divers métiers tels que le commerce, le transport, la restauration, la sérigraphie, l'agriculture ou encore l'élevage. 


Le réseau sensibilise par ailleurs les communautés aux droits des femmes et des filles, et offre aux femmes des espaces pour s'exprimer, dialoguer et s'engager dans la lutte contre les violences basées sur le genre (VBG). Le PCV-CECI soutient ce réseau par l’accompagnement de volontaires, spécialisés notamment en gestion de projet.

*Le prénom a été modifié afin de préserver son anonymat
Ce témoignage est issu des activités du Programme de coopération volontaire du CECI financé par le Gouvernement du Canada 
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